Nous avons maintenant 12h de décalage avec l’heure réelle, et nous nous levons à … 21h. Nous n’avons plus qu’une petite étape à faire avant de parvenir à l’endroit où le bateau doit venir nous chercher, le planning est donc désormais plus tranquille !
Au programme donc, une promenade à travers la toundra, avec pour objectif une falaise où nichent de nombreux oiseaux. Le brouillard est si dense que nous ne distinguons ni les falaises à notre gauche, ni les montagnes qui s’élèvent à notre droite. L’ambiance est très étrange… Tout le monde s’attend à voir surgir un ours, mais seuls les rennes apparaissent dans la brume.
Arrivés au pied de la falaise, nous montons à même la pente, toujours dans le brouillard. L’ascension n’est pas des plus faciles, et il faut parfois mettre les mains pour attraper une touffe d’herbe et monter. Mais le spectacle est féérique : nous sommes au dessus d’une mer de nuages et découvrons les sommets des alentours qui s’en détachent. Sur la falaise nichent des Macareux moines, des Guillemots de Brünnich, des Mergules nains, des Fulmars, des Mouettes tridactyles… Les adultes font des rondes incessantes pour nourrir les jeunes. Un mouvement au pied de la falaise attire notre regard : un renard polaire est là, guettant l’éventuelle chute d’un oeuf ou d’un poussin. Il nous a vu, et s’éloigne des « intrus » pour reprendre son attente un peu plus loin.
Pierre, resté en bas, nous appelle, il est temps de rentrer au camp. Nous redescendons dans la brume. Un peu moins dense, celle-ci nous permet maintenant de voir le rivage. Le soleil est au plus bas, il est 1h du matin, et les lumières sont une fois de plus magnifiques.
Nous regagnons le campement vers 2h30 du matin. Le repas du « soir » est préparé, nous dînons, et regagnons nos tentes pour quelques heures de sommeil vers 6h du matin.
Il est 17 h (toujours quelques heures de décalage !) quand nous nous réveillons pour accomplir la dernière étape de notre aventure. C’est étrange, on sent que la fin du voyage approche. Nous prenons comme d’habitude notre petit déjeuner, démontons le camp et embarquons dans nos kayaks vers 20h.
Le temps est très calme et nous avançons sous le soleil du soir. Nous croisons un campement, apparemment de scientifiques, installés sur une plage. Vue l’heure, tous semblent dormir.
L’étape se déroule dans une bonne humeur générale : on se prend en photo, on discute, on rie des imitations très réussies de Jacques, on admire le glacier d’Ymerbukta, et on fait même la course ! Quelques macareux et guillemots s’écartent des kayaks en nageant, peu farouches. Juste avant d’arriver au camp, un groupe d’Eiders nous survole, et j’ai le temps de remarquer que le premier est bien différent des autres : c’est un Eider à tête grise, pas un Eider à duvet, une espèce qu’Arnaud et moi espérions voir ici, et que nous cherchions dans chaque groupe d’Eiders. Pas le temps de prendre de photos, mais nous sommes contents de cette observation.
Nous débarquons peu avant minuit sur le lieu du dernier campement, au pied d’une moraine glacière et avec une vue imprenable sur le glacier.