Au réveil, le temps est toujours un peu « limite », et Pierre décide d’attendre encore avant de repartir.
La journée passe lentement : on lit, on discute, on mange, on dort… et on attend. A la mi-journée, tout le groupe part rechercher de l’eau à la rivière située derrière le camp (sécurité oblige vis-à-vis des ours : quand on se déplace, c’est en groupe !). La rivière est bordée de zones humides, où un couple de Labbes parasites nous attend de pied ferme. Leur nid doit être dans les parages, et nous ne sommes pas du tout les bienvenus. Ils nous attaquent, bec en avant. Ce ne sont pas vraiment de petits oiseaux (ils peuvent atteindre 115 cm d’envergure), et leurs coups de bec peuvent être assez désagréables ! L’un deux finit par s’attaquer à Pierre… et repart avec son bonnet péruvien dans le bec ! Et bien sûr, pour une fois personne n’a d’appareil photo sous la main pour immortaliser le vol … Heureusement il le lâche avant d’atteindre la mer et on peut le récupérer.
Nous revenons au camp et, le vent étant tombé, nous commençons le démontage du camp vers 20h. Il est 21h45 lorsque nous montons dans nos kayaks, très contents d’enfin pouvoir reprendre la mer après 48h de pause. Tout est calme, nous avançons à bonne vitesse et atteignons le cap marquant la sortie de la baie du Roi sous une magnifique lumière vers minuit.
Malheureusement, sitôt le cap passé, les conditions changent complètement, le vent du sud se lève (nous le prenons donc en pleine face) et la mer s’agite de plus en plus. L’avancée devient peu à peu très difficile, on a l’impression de faire du sur place en étant secoué en permanence par les vagues. Pierre nous avait prévenu que ce genre de conditions pouvaient se rencontrer pendant le voyage, et qu’elles nous feraient détester le kayak. Et bien effectivement, c’est le cas ! Je suis frigorifiée, trempée (chaque fois que notre kayak retombe derrière une vague des gerbes d’eau jaillissent de chaque côté et me tombent dessus), et complètement démoralisée. Pour une première expérience en kayak de mer, c’est beaucoup, et même en sachant que les kayaks sont très stables, toutes ces vagues me stressent.
Après 4h de galère (qui nous paraissent une éternité), Pierre décide de nous faire accoster sur une plage où nous pourrons monter le camp. Ce n’est pas le lieu initialement prévu, mais avec ce vent on ne peut pas aller plus loin. Les difficultés ne sont pas finies pour autant : dans ces conditions l’accostage est délicat car les vagues risquent de renverser les kayaks en déferlant sur la plage. Pierre nous demande d’accoster en premier et d’aider ensuite les autres et nous donne les consignes pour que tout se passe bien : se mettre dos au vagues, enlever les manchons, les jupes, garder la bonne vitesse (ni trop vite, ni trop lentement)… et surtout ne pas paniquer ! Peut être est-ce la chance du débutant, mais nous accostons sans aucun problème. Ouf… J’enfile des vêtements secs pendant qu’Arnaud aide les autres à débarquer.
Il est 4h du matin (le 27 juillet). Bien fatigués, nous déchargeons les bateaux et montons le camp. Pas facile de dresser la tente mess en plein vent ! Heureusement il y a une rivière juste à côté, pas besoin d’aller chercher l’eau trop loin. Nous avalons une bonne assiette de pâtes et nous nous couchons vers 8h du matin.
Nous sommes maintenant décalés d’environ 9h par rapport à l’heure officielle, et nous nous réveillons en début de soirée. Un petit déjeuner à 21h, étrange ! Le vent s’est rapidement calmé et nous pouvons repartir immédiatement. Je trouve l’environnement du campement est assez lugubre et je ne suis pas mécontente de quitter cet endroit. Le temps de tout démonter et ranger, nous prenons la mer vers 1h du matin.