Auteur/autrice : Fabien

  • Jour 10 : Col de Verde à Usciolu

    La nuit avait bien commencé… quand tout à coup, vers 23h30 la tente de Fabien se met à bouger violemment. Une rafale de vent ? Non, il n’y en a pas… et voilà qu’elle bouge à nouveau. Bizarre. Vérification avec la lampe frontale : le petit déjeuner déposé du côté « pieds » de la tente a été éventré ! Et il y a un gros trou dans la toile ! 😱 Une bête sauvage a dû le sentir et tenté de se l’accaparer.

    Réveil en fanfare, Fabien ramène ce qui reste à la cuisine commune, et essaie de bloquer l’accès au trou par de grosses pierres. Un autre randonneur dans une tente à proximité a eu la même mésaventure… et a aperçu un animal de la taille d’un chat (un renard peut-être ?). Hélas le mal est fait : impossible de se rendormir avec les bruits de la forêt tout autour, Fabien dormira moins de 2h cette nuit-là… la journée va être difficile 🫩.

    Et effectivement elle l’est : aujourd’hui on est fatigués, les jambes sont lourdes et Xavier souffre toujours de ses ampoules, malgré les soins apportés la veille au soir. On n’avance pas vite dans la première grande montée dans la forêt, puis à découvert. Au bout de 1h30 environ, on atteint le premier col de la Bocca d’Oru parmi les brebis qui paissent dans le soleil levant. Et de l’autre côté… une mer de nuages ! Le spectacle est saisissant, on se croirait en avion.

    Après un court arrêt au refuge de Prati pour se désaltérer et faire quelques achats à l’épicerie pour le midi, on continue de prendre de la hauteur dans ce paysage idyllique. Les étendues herbeuses parsemées de gros rochers rappellent le Rohan du Seigneur des Anneaux (heureusement, pas de Wargs à l’horizon 😉). D’ailleurs quelques chevaux broutent en liberté. Des nuées d’oiseaux noirs viennent compléter le tableau par une chorégraphie impressionnante composée de dizaines, voire centaines d’individus.

    La suite du chemin sur les crêtes nous offre d’autres points de vue tout aussi beaux sous un soleil radieux. On peut même voir les nuages d’un côté de la montagne tenter de passer de l’autre côté, et échouer en se dissipant lentement. Si seulement on n’avait pas aussi mal aux jambes et si peu d’énergie ! 😩

    Le reste de la journée va être particulièrement éprouvant avec des montées extrêmement pentues où l’on avance au ralenti, et quelques passages d’escalade qui rappellent le GR20 Nord… On a le sentiment de ne jamais voir le bout de ces satanées montées, et on a besoin de plus de pauses que d’habitude. Le moral est mis à rude épreuve.

    Après la Punta di a Furmicula à 1981m, le refuge d’Usciolu n’est plus très loin. Une dernière descente, et enfin il apparaît en contrebas ! On est contents d’arriver en compagnie des chevaux qui se baladent librement. On réserve le repas et on prend le temps de savourer un jus de fruits et un Coca avant de partir s’installer dans la pente.

    Hélas il faudra descendre assez bas pour trouver une place… et donc tout remonter pour prendre la douche (chaude dans certaines cabines) et le repas. Déception : ce ne sont QUE des pâtes avec une sauce tomates/champignons/carottes, servies en quantité certes mais sans rien d’autre. Tant pis, on complète avec une tablette de chocolat et un reste de fruits secs.

    Coucher à 20h, on a besoin de récupérer 🥱. Demain on aura besoin de toutes nos forces pour l’étape doublée jusque Asinau.

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  • Jour 09 : Vizzavona au col de Verde

    Après une très bonne nuit à l’hôtel Le Vizzavona, c’est un peu dur de s’y remettre ce matin 😅. On démarre à 6h30 pour la première étape du GR20 Sud, qui sera presque doublée : de Vizzavona à E Capanelle puis jusqu’au col de Verde, ce qui fait quasiment 30 km.

    Pour commencer on cherche le point de départ sur la trace GPX sur nos téléphones, mais il semble que ceux qui l’ont faite étaient partis d’une chambre d’hôtes, inaccessible pour nous… Faux départ ! On rebrousse chemin pour retrouver le vrai panneau du GR20 Sud (on était passés devant sans le voir 🙄).

    La journée commence donc par une longue, très longue montée dans la forêt avec 700m de dénivelé positif. On devine des montagnes peu à peu illuminées par le soleil à travers les arbres, mais on n’y voit pas grand chose… Les marques blanches et rouges du GR20 ne sont pas toujours bien visibles, alors on prend parfois des chemins parallèles dans la forêt avant de s’en rendre compte et de devoir couper pour retrouver le bon tracé.

    Arrivés en haut à la Bocca Palmente on découvre enfin le paysage : la vue sur le Monte d’Oro est panoramique et porte dans l’autre sens jusqu’à la mer. On bascule alors de l’autre côté pour une descente dans la forêt entrecoupée de petits ruisseaux, et une sacrée montée jusqu’au refuge d’E Capanelle.

    Lorsqu’on y arrive à 11h30 ils ne servent pas encore le repas, c’est à partir de midi uniquement… mais les pizzas à la carte nous tentent bien, pour changer un peu. Alors on attend et on a bien fait : nos pizzas chorizo et végétarienne sont très bonnes et nous requinquent aussi bien physiquement que moralement. 🍕😋

    Vers 12h30 on reprend le chemin en passant sous un téléski (c’est une petite station de ski l’hiver), et on dévale les pentes à un très bon rythme. Tout le reste du parcours se passe dans la forêt, avec de très beaux passages sur des sentiers roulants parfumés de la senteur des pins, qui offrent une vue splendide sur les montagnes alentours. Des ruisseaux et vasques permettent de se rafraichir régulièrement.

    Mais la longueur de l’étape commence à se faire sentir, les pieds chauffent et Xavier a des ampoules qui le font souffrir. À 3 km de la fin, Fabien part en avant pour réserver le bivouac et le repas au refuge, tandis que Xavier termine tant bien que mal, le moral dans les chaussettes (c’est le cas de le dire 😅).

    Au Relais San Petru di Verde, les douches sont chaudes et les toilettes sont de « vraies » toilettes. Le repas du soir est servi dans la grande salle avec un feu de cheminée, il est assez copieux et différent des autres refuges : salade composée en entrée, gratin de courgettes et côte de porc (omelette pour les végétariens), fromage et mousse au chocolat. De quoi satisfaire le corps et l’esprit après une journée longue et fatiguante, bien que très peu technique.

    C’est le principal changement par rapport au GR20 Nord : ici on marche beaucoup plus, et cela sollicite les corps déjà fatigués d’une autre façon. On s’accroche !

    Alors que le soir tombe, on retourne dans nos tentes en espérant profiter d’une bonne nuit de sommeil à l’orée de la forêt. Mais il en a été tout autrement

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  • Jour 08 : Petra Piana à Vizzavona

    Réveil dans la brume à 5h15, le vent a soufflé cette nuit et souffle encore ce matin. On se prépare dans la tente, on y mange même le petit déjeuner commandé la veille, mais il y a bien un moment où il faut sortir… Départ vers 6h30 direction Vizzavona.

    Avec l’humidité on prend nos précautions pour la descente dans les rochers, le réveil musculaire est lent. On progresse tout de même bien alors qu’on croise le chemin de ruisseaux et cascades, tandis que la pluie s’invite elle aussi. On rentre ensuite dans une partie dans la forêt qui devient beaucoup plus roulante, jusqu’à atteindre la bergerie de Tolla. Pour se réconforter on prend deux très bonnes crêpes au nocciolata, un chocolat chaud et un jus de fruits.

    On repart à nouveau vers la passerelle toute proche qui offre 2 possibilités : poursuivre le GR20 « officiel » (blanc et rouge) allant vers l’Onda, ou suivre une variante du Mare a Mare (orange) allant directement vers Canaglia puis Vizzavona. Comme décidé la veille, on opte pour la seconde solution pour gagner du temps, et on se rend vite compte qu’on n’est pas les seuls : d’autres randonneurs en ont fait autant, certains orientés dans cette voie par un guide ou même par le gardien du refuge de l’Onda, au vu du très fort vent de cette matinée qui rend le passage par les crêtes dangereux.

    Le chemin borde la belle rivière de Manganellu qui alimente de nombreux bassins plus ou moins grands, et qui auraient été tentants si la météo avait été plus chaude. On passe ensuite dans le petit village de Canaglia, avant de continuer sur une route goudronnée. Ça permet d’aller vite mais c’est quand même moins sympa.

    Le chemin bifurque ensuite à nouveau dans la forêt, où l’on retrouve un peu de dénivelé. Les rochers moussus illuminés par le soleil donnent un aspect singulier à ce passage.

    Au bout d’environ 5h de marche « seulement », on arrive à Vizzavona par la gare, et on file directement voir à l’hôtel Le Vizzavona s’il reste une chambre twin… La réponse est oui, alors on saute sur l’occasion de profiter d’un peu de confort (une salle de bains ! 🥹) et d’une vraie nuit dans un vrai lit. Tant pis pour notre réservation en bivouac à L’Alzarella.

    On part manger dans le restaurant bar Le Refuge du GR20 en face de la gare, un burger et des pâtes à l’ail des ours – corrects mais sans plus. L’établissement propose également une petite épicerie alors on en profite pour se réapprovisionner en barres de céréales, pâtes de fruits, bananes et pommes.

    Il est encore tôt, on a l’après midi pour se reposer, faire une sieste, la lessive, profiter du peu de réseau disponible, jouer aux échecs… et on termine par un bon repas au restaurant de l’hôtel : bavette et nougat glacé pour Xavier, omelette à la menthe et mousse au chocolat pour Fabien 😋.

    Demain c’est reparti, réveil 5h15 pour attaquer le GR20 Sud !

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  • Jour 07 : Manganu à Petra Piana

    Finalement l’orage de la veille s’est calmé et la nuit a été meilleure que la soirée. Réveil à 4h45 pour partir à 6h… mais il nous faut un peu plus de temps que d’habitude pour ranger les tentes humides et sales 😬. Après un rapide petit déjeuner (pain, confiture, thé, compote, jus de fruits) on démarre réellement à 6h30, à la frontale, avec notre groupe habituel.

    Attention, les pierres sont mouillées, ça glisse ! On croise des cascades et des ruisseaux sur le chemin (on marche même parfois dedans), le tout dans une atmosphère fraîche et brumeuse. Une longue et fatiguante montée de 600m dans les cailloux de toutes tailles nous mène jusqu’à la Bocca alle Porte, aussi appelée Brèche de Capitello.

    Hélas on ne voit pas grand chose dans les nuages, et c’est bien dommage car le paysage devait être très beau ici. Ce temps nous accompagnera la majeure partie de cette étape, avec des passages par des crêtes très venteuses et une descente en rappel bien technique à l’aide d’une chaine.

    Consolation quand même : le soleil parvient enfin à percer en fin de matinée et on aperçoit de mieux en mieux les lacs que l’on surplombe : Capitello, Melo, Soglia et Rinoso. Passée la Bocca Muzzella à 2200m, il reste une dernière descente relativement courte mais assez raide jusqu’au refuge de Petra Piana. Il est temps car les jambes (et la cheville de Fabien) commencent à protester.

    Avec finalement assez peu de pauses, on parvient à atteindre le refuge vers 13h, soit environ 6h30 de marche. Une belle performance pour notre groupe étant donné la difficulté technique du jour et le froid, que Xavier a mal vécu en étant trop peu couvert. À la base on devait doubler l’étape en poussant jusqu’au refuge de L’Onda, mais la partie jusque Petra Piana était déjà assez coriace alors on a préféré en rester là et rattraper ensuite.

    On installe les tentes et on part manger un morceau au refuge : les frites servies en quantité avec deux œufs au plat sont excellentes et nous font le plus grand bien, après cette froide journée exigeante pour le physique et le mental. Pour une fois on est là tôt alors on en profite pour se reposer, faire la lessive (note pour Fabien : ne pas laver toutes ses chaussettes en même temps 🙄), prendre une douche plus ou moins chaude, et se retrouver dans la salle commune pour faire quelques parties d’échecs en mangeant des cacahuètes et des Tucs 😁.

    Pour le repas, de la ratatouille froide est servie en entrée – on aurait préféré chaude mais elle était bonne – suivie d’un plat de lentilles carottes et lardons (sans lardons pour les végétariens) et d’une très bonne mousse au chocolat en dessert. Ça change un peu des pâtes et c’était très bien👌.

    Pour le lendemain, on décide finalement de ne pas passer par l’Onda, et d’aller directement à Vizzavona via un chemin plus court, en partie hors GR20 via le Mare a Mare, pour alléger le kilométrage (15 au lieu de 20) et le dénivelé.

    C’est aussi le moment de se séparer à regret du groupe de Julien, Léa, Valentin et « Pablo » (Cédric), qui poursuit vers l’Onda sans doubler d’étape. En revoyant les photos du premier jour, on se rend compte qu’on s’était suivis dès le début, puisque nous étions arrivés en même temps au premier refuge d’Ortu di U Piobbu… c’était le destin ! Leur sympathie va nous manquer pour la suite, mais on a maintenant un groupe WhatsApp pour rester en contact 😉.

    On le dit souvent et on peut le confirmer : le GR20 c’est aussi des rencontres. Ici pas de barrières sociales, on peut discuter avec tout le monde comme si on se connaissait depuis toujours, souvent avec humour et bienveillance. Et ça fait du bien ! ☺️

    Allez, on range, on va se coucher tôt et demain on termine le GR20 Nord !

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  • Jour 06 : Castel di Vergio à Manganu

    La nuit a fait du bien ! Il a plu et fait un peu d’orage, mais confortablement installés dans notre tente « confort » au Castel di Vergio on a très bien dormi (environ 8h 😴). Objectif départ à 8h vers Manganu, toujours avec le sympathique groupe de Julien, Léa, Valentin et « Pablo » (Cédric).

    L’étape du jour reprend en forêt comme hier, sur un sentier où l’on avance vite. Le tracé continue par une montée moins raide que celles qu’on a déjà connues, pour atteindre un premier col battu par un fort vent : la Bocca San Petru. En témoignent d’ailleurs les arbres dont les branches ont été forgées par le souffle incessant.

    On poursuit la montée en longeant une crête – on y croisera d’ailleurs une mule – puis on passe la Bocca a Reta qui nous fait basculer de l’autre côté de la montagne. Changement de décor où des chevaux broutent tranquillement dans les étendues verdoyantes. On peut se relâcher un peu, d’ailleurs un peu trop car Xavier se laisse surprendre par une pierre qui se dérobe sous ses pieds et se rattrape dans un bosquet d’épines 😆. Il en gardera certaines plantées dans les mains pendant plusieurs jours…

    Après quelques minutes de marche, le lac de Nino s’offre enfin à nos yeux, avec ses pozzines (trous d’eau dans les étendues herbeuses) peuplées de vaches et chevaux. La vue est superbe ! 🤩 On descend jusqu’à lui pour en faire en partie le tour, et puisque c’est l’heure on en profite pour y faire une longue pause repas sous un soleil de plomb. Le ravitaillement au Castel di Vergio améliore le quotidien : tomate, banane, pomme, fruits secs et salade de thon nous permettent de reprendre des forces.

    À 13h, c’est reparti pour une section presque plate (c’est rare !) qui permet d’avancer vite dans l’immensité verte. Au détour d’une bergerie, on refait une pause rapide car Pablo ne se sent pas en grande forme aujourd’hui, mais un Coca lui redonne un peu de sucre pour tenir le coup. Pas de temps à perdre car les nuages gris approchent et descendent dans la vallée, des risques d’orage sont annoncés dans la soirée…

    S’en suit une nouvelle descente jusqu’à la bergerie de Vaccaghja qui précède le refuge de Manganu – d’ailleurs il est maintenant en vue ! Il reste environ 45 minutes, et pour éviter de devoir monter la tente sous la pluie, Valentin, Xavier, Julien et Fabien mettent le turbo pour arriver au plus vite, tandis que Léa accompagne Pablo. Les dernières montées tapent dans les jambes après cette journée, mais on arrive enfin et on peut s’installer tranquillement.

    On passe aux douches chaudes et modernes (métalliques donc assez propres), puis on se pose un peu pour quelques parties d’échecs avant le repas. Au menu, rillettes de thon (ou haricots verts pour les végétariens) en entrée, gros plat de bonnes pâtes aux légumes, pain et panna cotta aux fruits rouges. Ça fait du bien ☺️. Nos voisins de table sont même des Lillois comme nous !

    Brossage de dents et passage aux toilettes, et on retourne à la tente vers 19h30 alors que le vent se lève et les gouttes commencent à tomber…

    Et là ca se gâte vraiment : l’orage est là ⛈️, les tentes sont secouées dans tous les sens et on espère que les sardines vont tenir… mais on remarque alors qu’un ruisseau se forme entre nos deux tentes : l’eau envahit notre emplacement ! 😱 Le niveau monte et on sent que l’on flotte littéralement dans 5 cm d’eau. On oscille entre angoisse et crise de rire, en tentant de sauver ce qui restait à l’extérieur. Alors que l’orage semble se calmer, on constate qu’une pierre bouche en réalité l’évacuation de l’eau ! Xavier se dévoue pour sortir et la retirer (pendant que Fabien reste bien au chaud dans son duvet 😅), ce qui a le même effet que de retirer le bouchon d’une baignoire. Ouf, le niveau baisse. Il en profite pour creuser un peu plus le sillon au cas où la pluie reviendrait cette nuit…

    On n’oubliera pas cette soirée de si tôt ! Espérons que l’on arrive à dormir avant l’étape de demain vers Petra Piana, qui parait-il est assez technique.

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